Interview de Delphine Palau : Autrice de la saga de LDVELH Alicia Malbosc
À l’occasion de la sortie de son tome 2 Alicia Malbosc et la confrérie d’Eridan, Delphine Palau m’a fait l’honneur de répondre à quelques-unes de mes questions. Découvrez qui se cache derrière cette autrice passionnée par les univers fantastiques et apprenez-en plus sur son processus d’écriture de livres dont vous êtes le héros·l’héroïne ! ✨
Partie 1 : Son œuvre
Peux-tu nous présenter l’univers de la saga Alicia Malbosc et le thème principal du tome 2, Alicia Malbosc et la confrérie d’Eridan ?
Delphine : Alicia Malbosc est un livre-jeu médiéval fantastique qui se déroule dans une Europe imaginaire. Je n’ai pas voulu fixer le cadre dans un lieu ayant existé, car cela aura demandé des recherches conséquentes qui auraient pu mettre des bâtons dans les roues de ma narration. L’imaginaire me donnait plus de liberté, mais je voulais qu’on puisse se dire que les villes aient pu exister. Je parle de période médiévale au sens large, car on est plus sur la fin du XVIIIe, mais dans des villages reculés. Par exemple, à Peg, ils ne connaissent pas les armes à feu, alors qu’on va croiser un personnage dans le tome 2 qui en porte une, tout simplement, car elle vient d’une grande ville.
Alicia Malbosc a découvert que des talismans permettraient de contrôler des créatures fantastiques. Elle se met en tête de les retrouver, autant parce qu’elle se dit que ça peut être dangereux s’ils sont utilisés à des fins belliqueuses, que par questionnement moral sur le consentement des créatures à faire telle ou telle action sous contrôle.
À la fin du tome 1, elle découvre un premier talisman, et est contactée par un mystérieux personnage (René Tom Solembé) qui lui parle de deux factions cherchant les talismans : l’Ordre d’Orion dirigé par le dangereux Erèbe, et la Confrérie d’Eridan. René lui propose de rejoindre cette dernière faction dont il est membre.
Au début du tome 2, se déroulant 1 mois après la fin du tome 1, Alicia reçoit une invitation de René pour un bal au fief de la Confrérie d’Eridan. On lui dit qu’on lui parlera d’une quête pour trouver le Talisman de Feu. Elle se met donc en route pour le Manoir de Fong, lieu du bal et de la réunion.
Quelles sont les mécaniques de jeu utilisées dans ce livre-jeu (choix multiples, dés, énigmes, etc.) ?
Delphine : Il y a des lancers de dés et des énigmes. Dans le tome 1, il y a également un labyrinthe. Dans le tome 2, on peut utiliser des informations du tome 1 pour influencer l’aventure, on a aussi des mini-jeux, et des escape games.
Y a-t-il des aspects uniques ou innovants dans ce livre-jeu par rapport à d’autres du même genre ?
Delphine : Je ne connais pas tous les livres-jeux, je sais que certains comportent des énigmes de calcul. Dans le tome 1, c’est de la traduction, dans le tome 2, j’ai des échecs, des énigmes de logique, etc. Je dirais que c’est un mélange de plein de paramètres qui le rendent innovant.
Quelles sont tes principales sources d’inspiration pour cette saga ? Y a-t-il des auteurs ou des œuvres spécifiques qui t’ont influencée dans ton écriture ?
Delphine : Bien sûr, les LDVELH dans leur ensemble. Pendant l’écriture, je voyais qu’un personnage que je citais au départ avait envie de revenir. On m’a conseillé de lire la série Sorcellerie, pour voir comment était utilisé le personnage du Marmouscule. Cela m’a effectivement donné des idées. Mes autres influences sont, bien sûr, Harry Potter et le Seigneur des Anneaux, mais aussi Robin Hobb que j’apprécie particulièrement.
Partie 2 : Processus de création
Combien de temps as-tu mis pour écrire et développer Alicia Malbosc et la confrérie d’Eridan ?
Delphine : 2 ans, comme pour le tome 1. En fait, je suis très longue pour écrire. Je travaille comme intermittente du spectacle, je suis assistante mise en scène sur les tournages de films et de séries. Quand je travaille, je n’ai pas le temps d’écrire, donc je peux rester plusieurs mois sans avancer. Je profite de mes pauses, parfois longues entre deux projets pour écrire.
As-tu une routine d’écriture spécifique ou des techniques particulières que tu utilises pour rester productive ?
Delphine : Aucune. Je change souvent de lieu d’écriture. Parfois, c’est en convention dans les temps morts, sur ma tablette, parfois, c’est dans ma bibliothèque, parfois, à mon bureau. Là où l’envie me prend. Je fais juste des points réguliers en faisant des arborescences, pour ne pas me perdre moi-même.
Comment gères-tu l’équilibre entre la narration et les éléments de jeu pour garantir une expérience immersive ?
Delphine : Je commence par la narration. Une fois que tout est écrit, je fais une arborescence. Je note les endroits où on perd/gagne de l’argent, du stuff, des informations, etc. Ensuite je regarde si c’est équilibré. Par exemple, sur le tome 2, à la relecture, j’ai rajouté un marchand avec le pèlerin pour avoir une autre occasion d’acheter de l’équipement. Ensuite, il va y avoir une troisième relecture où je vais lister les combats et regarder ce qu’on peut avoir comme équipement, et là, je vais équilibrer les caractéristiques des équipements par rapport aux ennemis et inversement.
As-tu travaillé avec des illustrateurs, bêta lecteurs, relecteurs-correcteurs ou d’autres collaborateurs pour la création de ce livre-jeu ?
Delphine : J’avais travaillé avec Amélie Fabre sur le tome 1 aux illustrations. Ma mère a fait la relecture des deux tomes et m’a aidé sur l’orthographe (je suis incapable de me relire sur écran, il peut y avoir une énorme faute, un accord pluriel qui manque, je ne le verrai pas. C’est d’ailleurs pour ça que j’imprime mon texte pour ma relecture). Pour le tome 2, Amélie n’étant plus disponible, prise sur des projets de films d’animation, je travaille avec Hélène Mouchel que j’ai rencontrée sur le Festival de l’Imaginaire de Puylaurens en décembre 2023. Elle a un style proche de celui d’Amélie, ce qui permet de garder une cohésion. Enfin, Fred Marty, auteur de livres-jeux également, nous rejoins pour la bêta lecture.
Quels ont été les principaux défis que tu as rencontrés lors de la création de ce tome ?
Delphine : Ne pas perdre le fil du premier tome, bien penser à intégrer tout ce que j’avais déjà déroulé dans le tome 1, et intégrer tout ce qui sera utile pour le tome 3. Cela nécessite d’avoir déjà les grandes lignes de tout l’univers, ce que je n’avais pas au début du tome 1.
Partie 3 : Public cible et distribution
À quel public s’adresse principalement ta saga ? As-tu des conseils pour les lecteurs qui découvrent les livres-jeux ?
Delphine : Je l’ai écrite en pensant qu’elle serait lue par des adultes. Lors de mon tout premier festival pour présenter Alicia, organisé par la médiathèque de Combaillaux (dans l’Hérault), j’ai demandé à partir de quel âge on pouvait le lire, car je n’en avais pas la moindre idée. La bibliothécaire m’a répondu « 10 ans, voire moins, suivant le niveau de lecture de l’enfant ». Depuis, j’ai deux publics, les adultes nostalgiques des LDVELH et qui connaissent donc le principe, les enfants aux alentours de 10 ans, qui connaissent également ou découvrent le système; et même parfois des parents qui le prennent pour des enfants plus jeunes, pour leur faire la lecture et laisser l’enfant choisir le paragraphe.
Quand les gens ne connaissent pas, je leur explique le principe, et je leur dis qu’il y a une grosse introduction dans le tome 1 qui présente l’univers, pourquoi Alicia est-elle là, quel est son but, et quel est le leur, à eux, lecteurs. J’ai pensé le premier tome pour être accessible à ceux qui ne connaissent pas le principe. J’espère avoir réussi.
Le premier tome a reçu des retours intéressants de la part des lecteurs. Attends-tu une réception particulière pour le deuxième tome ?
Delphine : Franchement, je stresse (ah ah 😆). J’ai peur d’être partie dans trop de directions et de perdre les gens. Dans le tome 1, tous les chemins allaient au bout de l’aventure (sauf si la mort passait par là), on pouvait juste manquer d’infos sur ce qu’il se passe avec les Talismans. Dans le tome 2, on est sur un système plus punitif, et avec plusieurs directions. Il y a deux fins très différentes (pour ceux qui iront au bout). Chaque fin découlera sur une version du tome 3. Il y aura donc deux tomes 3.
Donc soit ça peut plaire, parce que le tome 2 est plus riche, qu’on peut vraiment le lire 10 fois (entre les différents chemins, les fins prématurées, etc.) sans lire tout à fait le même livre, et qu’il y a plus d’enjeux, ou au contraire, ça peut décourager de ne pas aller au bout ou de trouver une fin qui dise « bravo vous avez fini le livre, mais ça ne vous permet pas de lire le tome 3 pour telle raison » (raison que je ne spoilerai pas ici 🤭).
Tu souhaites sortir de la plateforme d’autoédition Amazon pour la distribution du tome 2 Alicia Malbosc et la confrérie d’Eridan. Pourquoi ce choix ?
Delphine : Par question d’éthique, Amazon n’étant pas la filière la plus écolo friendly. Mais aussi parce qu’en réduisant les coûts, Amazon baisse la qualité. J’ai hâte aussi d’avoir les tomes en main, dans les nouvelles versions et surtout les reliés !
En 2023, tu as présenté le tome 1 au prix du livre-jeu. Vas-tu présenter Alicia Malbosc et la confrérie d’Eridan au jury pour l’édition 2024 ?
Delphine : Je ne sais pas. J’ai été très déçue de cette expérience parce que j’ai envoyé une dizaine de livres offerts, à mes frais, et je n’ai eu aucune retombée. Pas un post, pas une mise en avant. J’ai eu 3 ou 4 retours de lecteurs de LDVELH, et ça, c’était chouette, ça m’a permis d’intégrer certains retours dans le tome 2. Certains on fait des posts, mais pas au nom du prix du livre-jeu. J’ai juste l’impression d’avoir balancé des livres par la fenêtre.
De plus, je ne savais pas que des projets de gros éditeurs étaient en compétition. Comment pourrais-je avoir la moindre chance face à des grosses pointures éditées avec des équipes conséquentes derrière, sur parfois des licences connues, et des auteurs de renoms dans le genre ? J’étais la seule en autoédition.
Si on pouvait envoyer des PDF, je trouverais ça plus intéressant, surtout pour mon petit budget.
NDLR : De nombreux points que souligne Delphine concernant le manque de visibilité et de communication autour des concourants au prix ont bien été pris en compte pour la prochaine édition du prix du livre-jeu. C’est pourquoi, le jury a été en grande partie renouvelé cette année incluant des personnes disposant de médias (blogs, comptes sur les réseaux sociaux, etc.) afin de pouvoir offrir aux auteurs la visibilité qu’ils méritent. Je serai membre, cette année, du jury du prix du livre-jeu et ce blog et les RS associés feront partie des relais officiels.
Partie 4 : Futurs projets et vision
Travailles-tu actuellement sur d’autres projets, que ce soit dans le domaine des livres-jeux ou dans d’autres genres littéraires ?
Delphine : J’ai un projet de roman de fantasy, que j’ai commencé avant Alicia, mais sur lequel je bloque. On verra quand Alicia sera terminée. Je ne sais pas si je referai des LDVELH, mais peut-être, ça à l’air de plaire. J’ai fait un court métrage pour présenter le Ulule autour du tome 2, pourquoi pas développer ce projet ?
Comment vois-tu l’avenir des livres-jeux dans le paysage littéraire ? Penses-tu que ce genre va se développer davantage ?
Delphine : Ça se développe pas mal ces derniers temps, de grosses licences sortent les leurs, les jeunes connaissent le principe. Avec l’accroissement de l’engouement sur le divertissement et notamment les jeux de société, et les parents qui veulent détacher les enfants des écrans, il y a là un bon compromis.
Partie 5 : Questions personnelles
Qu’est-ce qui t’a poussé à écrire des livres-jeux ? As-tu toujours eu cette passion pour l’écriture interactive ?
Delphine : Lorsque j’ai commencé Alicia, je me disais que j’allais en faire un roman classique, mais à l’écriture j’ai eu tellement d’idées, que le principe des LDVELH m’est revenu. J’ai décidé qu’Alicia serait sous cette forme, sans savoir si ça marcherait.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’écriture de livres-jeux ?
Delphine : Faites un plan ! Ne partez pas comme moi sur le premier tome à l’aventure, sans savoir où vous allez, ça va beaucoup vous aider ! 😄
Quels sont tes livres-jeux préférés en tant que lectrice ?
Delphine : Les chroniques crétoises et ceux sur Dracula et Frankenstein. 😉
Je remercie chaleureusement Delphine Palau de nous avoir partagé toutes ces informations très intéressantes ! Longue vie à tes projets et continue de nous faire vivre des aventures palpitantes !
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Hello à tous ! Je suis Marjo, passionnée de livres-jeux et d’expériences immersives ! Je déchiffre les énigmes plus vite que mon ombre et je suis souvent accompagnée de mon petit acolyte de 5 ans qui se défend plutôt pas mal. La légende raconte que je ne serais jamais restée enfermée dans un escape game… Et moi j’aime bien croire ce qu’on raconte.
IRL : Je suis réviseure linguistique post-traduction anglais/français et relectrice-correctrice de tous vos ouvrages ludiques.